Le Palais de justice de Dijon est un monument unique en son genre. Plongez dans l’histoire fabuleuse de sa construction, de 1512 à aujourd’hui. Un édifice aux multitudes de styles architecturaux qui a traversé les époques avec un seul objectif : servir la justice. Découvrez les secrets de sa rénovation réalisée entre 2020 et 2023.

Le Palais de justice de Dijon est un ensemble monumental constitué de 13 bâtiments qui ont été successivement adjoints les uns aux autres depuis le XVIe siècle jusque dans les années 1930. Cette constitution progressive aboutit à un monument unique et extrêmement divers dans son expression architecturale. C’est aussi une étendue considérable. Il y a 7000 m² de toiture, 5000 m² de façade, 642 menuiseries. Et tout cet ensemble a dû être restauré avec une vision patrimoniale de conservation et en même temps une amélioration de la pérennité et des performances énergétiques.

La naissance du Palais de Justice de dijon

Le départ de ce projet vient d’une décision royale. A partir de Louis XI, Louis XII et François Ier, on choisit d’installer le Parlement de Bourgogne à Dijon, sur des terrains fournis par le roi lui-même. La construction des premiers bâtiments débute en 1512, mais déjà des difficultés surgissent du fait qu’il faut s’installer dans un tissu urbain médiéval très dense et très morcelé. Le deuxième défi est d’installer l’exercice de la justice dans des bâtiments considérables, pouvant accueillir plusieurs centaines de personnes, le cas échéant, dans des grandes salles. Le cœur du palais, la grande chambre et la salle dorée sont édifiées en premier avec une typologie encore médiévale. Ce qui explique ces grands bâtiments avec des pans de toiture gigantesques, mais une typologie civile de palais, tout à fait différente de la typologie religieuse ou militaire de l’époque. Parmi les caractéristiques, il y a le fait que l’étage noble est au-dessus du niveau de la chaussée et que l’on accède au palais par un escalier en vis. La noblesse de l’institution est symbolisée par le fait de se situer dans les hauteurs.  Cette première construction va rapidement être étendue avec celle de la salle des Pas Perdus dans le troisième quart du XVIe siècle. Puis au cours du XVIIe siècle s’ajoutent le bâtiment de la Tournelle et enfin la chambre des enquêtes.

Mutation vers un palais monumental

C’est seulement au XIXe siècle que la mutation vers un palais monumental va être réussie. D’abord avec la grande restauration menée par Jean-Philippe Suisse sur la salle des Pas Perdus et ensuite par l’architecte Félix Vionnois. Ce dernier propose un grand projet de restauration et d’extension du palais avec la création de la cour d’honneur où il constitue un ensemble de trois bâtiments et donne une nouvelle façade au palais de justice. Dans ce travail, Félix Vionnois fait appel à l’écriture historiciste, c’est à dire la faculté que l’on a d’employer les styles des années précédentes, des époques précédentes et notamment le style de la renaissance, de l’époque de Louis XII et de François 1er. C’est une manière pour pour Vionnois d’ancrer le bâtiment qu’il construit dans l’histoire de l’implantation de la justice à Dijon. Ces bâtiments du XIXe siècle sont extrêmement bien construits et très riches dans le choix des matériaux avec une véritable polychromie de façade et des incrustations de marbre qui développent les attributs de la justice : le glaive, la balance, mais aussi notamment pour le tribunal de commerce, des allégories de l’abondance du commerce, des arts, de l’industrie, de l’agriculture.

Fin de la construction

Finalement, c’est au XXe siècle que le palais de justice est parachevé avec la construction du tribunal civil dans les années 1930, par l’architecte Charles Javelle. Il relève le défi de marier assez habilement l’art déco, qui est la sensibilité de son époque, avec l’écriture monumentale et ostentatoire du XIXe siècle. Pour autant à l’intérieur, dans les cours, il se permet une certaine liberté, notamment dans le choix des couleurs avec une peinture jaune tango redécouverte pendant le chantier.

Une Restauration fidèle aux méthodes de l’époque

De 2020 à 2023, un grand projet de restauration d’ensemble voit le jour et permet aux bâtiments de retrouver son éclat.
De telles ambitions demandent de faire appel à des compétences spécifiques comme la taille de la pierre, la connaissance des bois anciens, les matériaux de couverture ou encore la ferronnerie. Cette opération s’est terminée par la restauration de la cour d’honneur avec la réfection des sols, la restauration du portail et la mise en place d’un nouvel éclairage.